Photographie d'une longue route droite bordée de poteaux électriques s'éloignant au loin. De chaque côté de la route se trouvent des champs verts et vides. Le ciel est rempli de nuages gris foncé qui sont colorés par le coucher de soleil orangé. Le soleil est également représenté en train de se coucher sur le côté droit de la photo.

Performance et pandémie

thèmes dans la vie et sur scène en miroir

Samedi 26 juin 2021 | 15 h 00 - 16 h 30

Séance simultanée en direct sur Zoom en anglais. Aucune interprétation en langue des signes ou traduction ne sera proposée pour cet événement.

Commandité par l'Université du Manitoba, Department of English, Theatre, Film & Media

(PRÉSIDENCE : JULIE BURELLE) OLIVIA MICHIKO GAGNON, HANNAH RIZUN & KATRINA DUNN

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Traverser la crise : sculpture et musique de la performance "Solo B" de Mariana Valencia

OLIVIA MICHIKO GAGNON

Dans cette communication, j’aborde la performance récente de Mariana Valencia : « Solo B » (2020), qui a été adaptée pour un environnement en ligne lorsque sa commande pour The Shed à New York a été retardée en raison de la pandémie COVID-19. Je passe de réflexions sur la transfiguration formelle de l’œuvre pour son décalage en ligne, d’une part, à son engagement conceptuel avec les poses de sculptures classiques et précolombiennes et une partition de mouvement contemporain, d’autre part. Ce faisant, je montre que la performance transhistorique de Valencia — ses méditations sur les corps et la race, la parenté et la guérison — peut nous apprendre (au sens propre et figuré) à traverser la crise.

Notice biographique

Olivia Michiko Gagnon est professeure adjointe de théâtre au Département de théâtre et de cinéma de l’Université de la Colombie-Britannique, où elle écrit et enseigne à partir des études de performance, de la théorie critique de la race, de la théorie queer et féministe et des études autochtones. Elle travaille actuellement sur sa première monographie qui théorise la proximité comme une méthode minoritaire de l’histoire faite à partir de l’art et la performance, au-delà de la rigueur archivistique. Ses écrits ont été publiés dans ASAP/Journal, Canadian Theatre Review, emisférica, Syndicate, et Women & Performance: A Journal of Feminist Theory, où elle a été rédactrice en chef de 2017 à 2019 et coéditrice (avec James McMaster) d’un numéro thématique intitulé The Between: Couple Forms, Performing Together. Elle a également écrit pour la Vancouver Art Gallery (avec Monika Kin Gagnon) et le New Museum, et a été rédactrice en chef d’HemiPress à l’Hemispheric Institute of Performance and Politics à New York. Elle a obtenu son doctorat du Département d’études de performance de l’Université de New York et a été membre postdoctorale au Center for the Humanities de l’université Tufts.

« ... il l’embrasse soudain avec passion sur son masque »: Excitation et contagion dans Unity (1918) de Kevin Kerr 

KATRINA DUNN

Le 2 septembre 2020, le Globe and Mail rapportait que la Docteure Theresa Tam, médecin-chef du Canada, recommandait aux Canadien.ne.s « d’envisager de porter un masque lorsqu’ils ou elles ont des rapports sexuels pour éviter d’attraper le coronavirus » (Gordon). Probablement la seule culture nationale de la performance qui puisse se vanter d’une pièce influente et primée sur une épidémie de grippe, le théâtre canadien a couvert la pandémie avant la pandémie lorsque plusieurs productions de Unity (1918) de Kevin Kerr ont vues le jour dans des théâtres et des universités de taille moyenne au début des années 2000. Contrairement aux conseils du Dr Tam, le lien que Kerr fait entre l’excitation et la contagion dans sa pièce étrangement prémonitoire n’est pas simplement celui de la protection. Au lieu de cela, les liens sexuels qu’il fabrique sont chargés par l’atmosphère de contagion et émergent transcendants et unis : l’amour fleurit dans une morgue jonchée de cadavres, une jeune femme risque tout de « se voir » à travers les lèvres d’un aveugle mourant, un soldat de la Première Guerre mondiale regarde entre les jambes d’une prostituée et perçoit l’au-delà. Mark Robson note que la première moitié du 20e siècle nous a conduits à des purges sans précédent, des exterminations et des technologies de guerre qui nous ont demandé d’envisager la mort à une nouvelle échelle (il ne mentionne pas les 50 millions de décès estimés attribués à l’épidémie de grippe espagnole). « Cela représente un défi pour le théâtre, qui a toujours été meilleur pour dépeindre des figures exemplaires que pour mettre en scène l’expérience collective » (42). Dans cet article, je soutiens que le tissage surprenant d’Unity (1918) de l’excitation sexuelle à la contagion, la maladie dévastatrice, et la mort, offre au public une occasion rare dans le théâtre de faire l’expérience à la fois du sexe et de la mort collectivement, dans l’espace « seul/ensemble » si douloureusement unique à l’époque pandémique.

Œuvres citées

Gordon, Julie, « Wear a mask while having sex, Dr. Theresa Tam suggests. » Globe and Mail, 2 septembre 2020, https://www.theglobeandmail.com/canada/article-wear-a-mask-whilehaving-sex-dr-theresa-tam-suggests/

Kerr, Kevin. Unity (1918). Talonbooks, 2002.

Robson, Mark. Theatre & Death. Macmillan International, 2019.

Notice biographique

Katrina Dunn est professeure adjointe au Département d’anglais, de théâtre, de cinéma et de médias de l’Université du Manitoba, où elle enseigne dans le cadre du programme de théâtre. Son travail de recherche explore les manifestations spatiales du théâtre ainsi que le théâtre écocritique. Dunn a reçu à deux reprises le prix Robert G. Lawrence pour un.e chercheur.e émergent.e par l’ACRT, d’abord en 2015, puis en partageant le prix en 2017. Elle a également été l’une des lauréates 2017 du prix Heather McCallum. La longue carrière de Katrina en tant que metteure en scène et productrice ont eu un impact considérable sur les arts de la scène dans l’Ouest canadien et ont reçu de nombreux prix. Elle commande, produit et réalise la production originale d’Unity (1918). Elle est diplômée du Département de théâtre et de cinéma de l’Université de la Colombie-Britannique.

La seule façon d’aller de l’avant est ensemble : Sila de Bilodeau, le souffle et quelques images de la pandémie de COVID-19  

HANNAH RIZUN 

Tissant ensemble l’animal humain et l’animal non humain, la pièce de Chantal Bilodeau, Sila (2014), se concentre sur le concept de souffle. « Sila », le mot inuktitut pour « le souffle qui circule dans chaque être vivant », est venu à dominer non seulement le récit de l’histoire, mais la façon dont la pièce a été exécutée : un.e marionnettiste reflète lentement une lumière halogène qu’il ou elle projette sur un tas de gel coloré, comme si la lumière elle-même respirait, et un paysage sonore a été enregistré en utilisant le souffle des acteurs et actrices. La pièce donne aussi vie à deux marionnettes - les animaux non humains à travers lesquels nous comprenons les ramifications du changement climatique pour l’Arctique. Centré sur le souffle, Sila articule la fragilité de nos vies et de nos écosystèmes. 

Les images de la respiration ont également dominé les représentations médiatiques et les discours portant sur la maladie nouvelle qu’est le coronavirus. En effet, le besoin de ventilateurs, de respirateurs et d’équipement (ÉPI) a été une préoccupation majeure pendant la vague printanière de la pandémie. La question du port de masque a encore divisé la population ; au moment d’écrire ceci, les manifestations anti-masque sont en hausse au Canada. Toutefois, bien que tout cela ait lieu, la couverture médiatique porte sur un système écologique nouveau et florissant en l’absence de pollution endémique. La nature, semble-t-il, est capable de respirer à nouveau. Voici la tension centrale de notre climat politique actuel et de Sila de Bilodeau : pour que la nature respire, faut-il être étouffé ? Sommes-nous capables de respirer d’une façon qui ne détruise pas nos écosystèmes ? Pour y répondre, je me tourne vers la pièce Sila de Bilodeau pour penser des visions ontologiques concurrentes de la nature non humaine et de la façon dont le théâtre crée des espaces pour se réunir dans un souffle collectif.

Notice biographique

Hannah Rizun est titulaire d’une maîtrise en littérature anglaise de l’Université de Victoria, qui porte sur des œuvres de la dramaturge canadienne Joan MacLeod. Elle termine actuellement un baccalauréat en éducation à l’Université de la Colombie-Britannique et elle est impatiente de postuler à des programmes de doctorat au cours des prochaines années.