Nouvelles façons d'être ensemble?

Question d’adaptation : numériser un colloque de théâtre jeunesse durant la pandémie de COVID-19

TITA KYRTSAKAS et ABIGAIL SHABTAY

Avant la pandémie de COVID-19, quelques projets universitaires exploraient déjà l’utilisation des technologies numériques sur scène, dont la projection numérique (Akay, 2018 ; Cameron et coll., 2017). On compte toutefois peu d’études sur la numérisation des espaces événementiels en temps de crise. La pandémie actuelle a révélé une lacune importante dans la recherche. Il est donc urgent de repenser la tenue de colloques et d’ateliers pratiques en fonction des environnements virtuels. Lynne Kent remarque « une augmentation de l’utilisation des plateformes numériques telles que Zoom, Twitch ou Facebook Live pour produire des spectacles [pendant la pandémie]. Cette augmentation serait causée par le besoin évident de créer collectivement et de se lier aux autres de façon sécuritaire ». (2020, p.158) Cette communication propose d’examiner la viabilité des modèles universitaires de présentation de spectacles et d’ateliers de théâtre pour enfants dans le cadre de colloques. Nous examinons le processus que nous avons suivi pour repenser la Children, Youth and Performance Conference pendant la crise sanitaire, alors que l’urgence de passer à un environnement virtuel s’est fait sentir. Ce colloque annuel, organisé conjointement par l’Université York et le Young People's Theatre, comprend normalement des ateliers interactifs, des spectacles, des tables rondes, des séances plénières et des études de cas. Nous abordons comment, avec quelques ajustements, les présentations et les spectacles traditionnels peuvent toujours se donner en temps de pandémie. Nous parlons aussi des compétences transférables susceptibles d’aider toute personne engagée dans le théâtre jeunesse à diffuser leur travail pendant la crise.

Notices biographiques

Tita Kyrtsakas est doctorante en études anglaises à l’Université York. Enseignante de formation, elle étudie actuellement la représentation des soins et de la sexualité dans la littérature et le théâtre destinés aux jeunes adultes. En 2019, le Young People’s Theatre lui a décerné le prix Ada Slaight en art dramatique. Tita est rédactrice en chef du Feminist Space Camp Magazine. Elle contribue aussi aux revues suivantes : Sandpaper Journal, Type/Cast Magazine et Shameless Magazine.

Abigail Shabtay, Ph.D., est professeure adjointe à l’Université York où elle enseigne dans le programme spécialisé sur les enfants, l’enfance et la jeunesse. Ses travaux portent sur le théâtre, les droits des enfants, les méthodologies centrées sur l’enfant, l’activisme chez les jeunes et le théâtre jeunesse. Elle dirige plusieurs projets financés par le CRSH portant sur les enfants, les jeunes et les arts du spectacle. Elle a collaboré à l’organisation de six colloques nationaux dans son domaine. Elle est actuellement directrice et organisatrice principale de la Children, Youth and Performance Conference (édition 2021). Cet événement est organisé de concert avec le Young People’s Theatre de Toronto.

Stade vide, spectacle vide : la diffusion d’imaginaires technologiques dans le domaine du sport pendant la COVID-19

ANDREEA HLUSCU

Aujourd’hui, le visionnement d’événements sportifs à la maison se fait presque exclusivement par l’entremise des nouvelles technologies et des médias. L’aménagement des sites de compétitions sportives, l’introduction des nouvelles technologies dans les stades et les arénas et la nature multisensorielle des spectacles sportifs fonctionnent ensemble pour donner l’impression aux téléspectateurs d’assister aux événements en personne. La COVID-19 a profondément changé la façon de vivre les événements sportifs. Elle a aussi altéré la manière dont ceux-ci sont diffusés. Mais le plus grand bouleversement dans l’univers du sport est peut-être l’absence de spectateur.trice.s dans les stades. Cette situation permet de réexaminer la relation du public à l’événement sportif. Elle est aussi l’occasion d’explorer la façon dont les technologies télévisuelles façonnent l’expérience des amateur.trice.s de sport quand il n’y a personne dans les gradins.

Cette communication propose d’étudier trois cas de figure : celui de la Ligue majeure de soccer, celui de la Première ligue canadienne et celui de la National Basketball Association (NBA). À l’aide de la notion d’imaginaire technique élaborée par Patrice Flichy, j’examinerai la manière dont les télédiffuseurs ont abordé la problématique du stade vide. Je réfléchirai notamment aux incidences de cet imaginaire sur le sport et sur l’expérience des spectateur.trice.s. Je tenterai aussi d’identifier ce qu’il y a de réel dans ces nouvelles réalités.

Notice biographique

Andreea Hluscu est doctorante en communication et en études culturelles à l’Université York. Son champ d’intérêts comprend le sport, les médias sportifs, les études de la performance, l’étude du spectateur et la culture populaire. Son travail de création a été publié ou présenté dans Type/Cast Magazine, dans Huffington Post et au Ellen DeGeneres Show.

Vers la dissolution d’une division essentialiste : la captation vidéo et le jeu intermédial comme outils nécessaires à la diffusion du théâtre

CHARLOTTE GAGNÉ-DUMAIS, UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL, VRIJE UNIVERSITEIT BRUSSEL

Avec les conditions générées par la crise actuelle, le milieu théâtral est soumis à un besoin de renouvellement. Pour pallier l’annulation des représentations théâtrales, certaines institutions ont choisi de rendre accessibles en ligne des captations de leurs productions, souvent gratuitement et pour une durée limitée. Ce fut le cas pour de prestigieux théâtres tels que le Globe et le National Theatre de Londres qui, pendant le confinement de la première vague, ont procédé à des mises en ligne hebdomadaires de leurs productions sur YouTube. Dans le contexte actuel, la pratique devient de plus en plus répandue, y compris au Québec.

Or, les captations vidéo viennent brouiller les frontières médiatiques, ontologiques et essentialistes entre le théâtre et le cinéma : est-ce que le théâtre filmé est encore du théâtre? Dans une approche intermédiale, il est possible d’analyser les dynamiques qui se tissent entre le théâtre et le cinéma et ne pas y voir la dissolution d’un art dans l’autre, mais bien la construction d’une différente forme de médiation. Ces dynamiques s’articulent autour d’une figure clé de la création théâtrale : celle de l’acteur.trice. Plus que jamais, une approche intermédiale du jeu d’acteur devient nécessaire afin de délaisser certaines conditions essentialistes du jeu et découvrir des possibilités nouvelles; l’acteur.trice intermédial.e doit apprendre à travailler simultanément avec plusieurs types de médiation. La captation vidéo et le jeu d’acteur intermédial se présentent donc comme étant des outils indispensables avec lesquels les créateur.trice.s doivent se familiariser pour l’épanouissement de leur art, surtout dans un contexte où les salles sont fermées ou à capacité réduite.

Bibliographie préliminaire :

Auslander, Philip. 2008. « Live performance in a mediatized culture ». Dans Liveness. Performance in a mediatized culture, p. 10-60. New York: Routledge.

Bolter, Jay David et Richard Grusin. 1999. « Theory ». Dans Remediation: understanding new media, p. 16-50. Cambridge: MIT Press.

Bolter. Jay David. 2005. « Transference and Transparency: Digital Technology and the Remediation of Cinema ». Intermédialités, nº 6 (automne), p. 13-26.

Gaudreault, André et Philippe Marion. 2012. « Du filmage au tournage : débrayer l’effet-archives de l’enregistrement cinématographique ». Cinémas, vol. 23 nº1, p. 93–111.

Hornby, Richard. 2011. «National Theatre Live ». The Hudson Review, vol. 64 nº1 (printemps), p.196-202.

Martel, Richard. 2010. « Tenir compte du contexte : le performatif ». Inter, nº 105, p. 4–5.

Ouaknine, Serge.1987. « Le réel théâtral et le réel médiatique ». Jeu, nº 44, p. 93–111.

Pluta, Izabella. 2011. L’acteur et l’intermédialité, les nouveaux enjeux pour l’interprète et la scene à l’ère technologique. Lausanne : L’âge d’Homme.

Notice biographique

Charlotte Gagné-Dumais est metteure en scène et doctorante (Université de Montréal). Après des études en cinéma, elle étudie présentement le théâtre contemporain dans une perspective intermédiale. Dans ses recherches comme dans sa pratique artistique, Charlotte s'interroge sur la présence scénique et filmique des interprètes. En 2015, elle fonde avec Laurence Clavet la compagnie de création féministe le Théâtre des Trompes. Elle y assure la direction artistique ainsi que la mise en scène de plusieurs projets dont Le Cycle de la Roche, un travail sur les œuvres de Hervé Bouchard. Elle aime le rap.