Grandes conférences

Harvey Young

Harvey Young

Boston University

10 juin à 11h00

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L'art vivant en crise

Pendant des siècles, la puissance et la gloire du théâtre ont été attribuées à son caractère vivant : les sensations que procure la vue d’une actrice ou d'un acteur en personne sur une scène ; le fait d’être assis aux côtés des autres spectateurs et spectatrices ; le fait de savoir qu’il n’y a pas deux représentations exactement pareilles. La pandémie mondiale actuelle a soulevé des questions quant à la viabilité du théâtre dans l’avenir. Est-ce que le théâtre — plusieurs personnes ayant remis en question son existence au cours des deux derniers siècles (avec l’avènement du cinéma, de la radio et de la télévision) — est un anachronisme moribond ? Dans ce discours liminaire, Harvey Young montre comment le théâtre a non seulement survécu, mais s’est étonnamment développé (malgré des conditions difficiles) en adoptant les technologies d’enregistrement ainsi que des pratiques de mise en scène minimalistes. Young soutient que c’est l’idée du vivant et non les conditions matérielles de ce fait vivant qui donne et qui a toujours donné au théâtre sa résonance particulière et sa capacité à surmonter la crise sanitaire mondiale actuelle.

Harvey Young est le doyen du Collège des beaux-arts à la Boston University, où il est également professeur d’anglais et de théâtre. Ses recherches sur la représentation et l’expérience de la race ont été publiées dans des revues savantes, présentées dans le New Yorker, le Wall Street Journal et Chronicle of Higher Education. En tant que chroniqueur culturel, nous l’avons vu sur CNN, à 20/20 et à Good Morning America et l’avons lu dans les pages du New York Times, de Vanity Fair et de People. Il a publié sept livres, dont Embodying Black Experience, lauréat du prix du livre de l’année de l’Association nationale des communications et de la Société américaine de recherches théâtrales. Son prochain recueil d’essais (avec Megan Geigner), Theatre After Empire, sortira cette année.
Sylvie Chalaye

Sylvie Chalaye

l’Université Sorbonne Nouvelle

25 juin à 11h00

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Le marronnage, un modèle de salut pour la création théâtrale

En dépit des interdits et de l'ordre coercitif de la plantation les esclaves ont déployé à travers le spectacle un geste marron de résistance et d'émancipation. Que peut encore vouloir dire aujourd'hui en 2021 avancer masquer ? Posture de création pour les dramaturges afro-contemporains comme Kossi Efoui, Koffi Kwahulé, Suzan-Lori Parks ou des artistes comme Basquiat, posture de résistance marronne qui consiste à s'adapter, à se réinventer constamment, à ne jamais être où on vous attend, à changer d'état et au final à fausser compagnie au coeur de la forêt du monde pour mieux se jouer de l'ordre établi, des institutions et des héritages coloniaux. En définitive, la crise actuelle pourrait bien nous inviter à considérer les gestes marrons qui depuis le jazz inspirent la création afrodescendante, comme modèle de salut pour la création théâtrale à venir.

Spécialiste des dramaturgies d’Afrique et des diasporas, Sylvie Chalaye est aussi historienne et anthropologue des représentations de l’Afrique et du monde noir dans les arts du spectacle. Professeure et directrice de recherche à l’Université Sorbonne Nouvelle, elle codirige l’Institut de Recherche en Études Théâtrales et a créé le laboratoire SeFeA (Scènes francophones et écritures de l’altérité). Son dernier ouvrage paru chez Actes Sud-Papiers, Race et théâtre : un impensé politique, a reçu le prix André Malraux en 2020.
Kevin Loring

Kevin Loring

Théâtre autochtone, CNA

8 juillet à 11h00

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Tourner la page et revenir à la scène. La renaissance courageuse de la pratique théâtrale dans un monde postpandémie, décolonisé et antiraciste

Mon allocution démontrera que le théâtre constitue un élément essentiel du discours et de la réflexion sur la société dans laquelle nous vivons et examinera comment les pratiques théâtrales doivent aussi refléter nos nouvelles réalités sociales. Je parlerai de l’importance pour les théâtres d’être diligents dans leurs efforts de démantèlement des systèmes d’oppression au sein de leurs organisations et dans le secteur du théâtre en général, en ce qui a trait au racisme et au colonialisme de peuplement. Et comme nous commençons à sortir de notre isolement et réintégrons la communauté, je parlerai de la nécessité de retourner vers les communautés que les théâtres rejoignaient plutôt que d’attendre que celles-ci reviennent au théâtre.

Kevin est un N’lakap'amux de la Première Nation Lytton en Colombie-Britannique. Acteur, dramaturge et metteur en scène accompli, il est le fondateur et le directeur artistique de la Savage Society, un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui se consacre à la narration d’histoires autochtones. Il est actuellement le directeur artistique du théâtre autochtone au Centre national des Arts du Canada.

Artiste et leader polyvalent, Loring a été coorganisateur du Talking Stick Festival, artiste en résidence au Vancouver Playhouse Theatre, directeur artistique de la Savage Society à Vancouver, producteur, scénariste et coanimateur du documentaire Canyon War : The Untold Story, en plus d’être directeur de projet/créateur et directeur du projet Songs of the Land dans sa communauté d’origine, la Première Nation Lytton. Loring a créé le projet Songs of the Land en 2012, en partenariat avec cinq différentes organisations communautaires.

Le projet porte sur des enregistrements sonores de récits du peuple N’lakap'amux vieux de 100 ans. Loring a écrit plusieurs nouvelles pièces de théâtre basées sur le travail qu’il a fait avec un ensemble d’artistes autochtones professionnels et de membres de la communauté telles que Battle of the Birds sur la violence domestique et les abus de pouvoir, The Council of Spider Ant and Fly sur l’introduction de la mort dans l’univers et The Boy Who Was Abandoned sur l’abandon des jeunes et la négligence envers les personnes aînées.

Kevin et le Centre national des Arts collaborent depuis longtemps. En plus d’avoir joué dans de nombreuses pièces, Kevin a été membre du Théâtre anglais du Centre national des Arts et dramaturge en résidence en 2010.

Kevin a reçu plusieurs prix et distinctions, notamment un Prix littéraire du Gouverneur général en 2009 pour sa pièce Where the Blood Mixes et un Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle, dans le cadre du Programme de mentorat. En 2018, il figurait parmi les finalistes des Prix littéraires du Gouverneur général pour sa pièce Thanks for Giving.